Quand l’administration togolaise infantilise la femme

J’avais abandonné ce blog. Pas abandonné au sens ou je ne reviendrai plus, mais je me disais que j’allais revenir quand je trouverai un bon sujet à discussion. Et ce matin, la Caisse nationale de sécurité sociale me donne une raison d’écrire ce billet sur comment l’administration togolaise perçoit la femme.

Ce n’est un secret pour personne que je suis féministe. Alors si vous décidez de classer ce post dans cette catégorie, c’est que vous n’avez rien compris à l’histoire. Qu’est ce qui m’a mis hors de moi? Je suis depuis quelques semaines en train de réaliser des formalités administratives pour bénéficier de prestations familiales. Etant assurée à la Caisse nationale de sécurité sociale et payant des impôts sur revenus, j’ai droit à des prestations familiales liées aux enfants. Donc je décide de faire la formalité (Je déteste les formalités administratives, mais bon…).

Déjà le formulaire est assez patriarcale, des choses à remplir qui vous font bien comprendre que vous êtes une femme et devez rester derrière votre mari (ou conjoint) et que surtout, vous n’avez pas le droit d’être mère célibataire (Ici, c’est un sacrilège). Mais malgré toute mon indignation, je remplis des formulaires et une pléthore de pièces jointes. Après, je reçois enfin la confirmation d’enregistrement et je me croyais sorti de l’auberge. Normal vous me diriez, ce n’est un secret pour personne que l’administration togolaise est championne en formalités lourdes et pénibles.

Qu’est-ce qui me choque?

Puis ce matin c’est le pompon. Mon conjoint me signifie qu’il a reçu un appel de la Caisse nationale de sécurité sociale lui demandant d’introduire une autorisation écrite afin qu’on puisse me verser le montant des prestations familiales. Je croyais rêver. J’appelle la caisse pour comprendre la situation. La dame au bout du fil me fait comprendre après 15 minutes de conversations que c’est la formalité obligatoire avant qu’on ne me verse les prestations familiales.

Supposons que je sois mère célibataire. Devrais-je justifier de pourquoi j’ai choisi de ne plus vivre avec mon conjoint, alors que je paye des impôts et ce n’est pas lui qui le fait? Et si… Et si… et si…?

Qu’on se comprennent bien, ce n’est pas une question d’argent, mais de démarche. Je suis celle qui paye les impôts sur le revenu et c’est à ce titre que j’ai droit à cette prestation. Au nom de quoi dois-je recevoir son autorisation avant de bénéficier d’une prestation pour laquelle je paye des impôts? Le seul conflit qui pouvait se poser, c’est de savoir si oui ou non, il reçoit les mêmes prestations au nom des enfants.

L’administration togolaise infantilise la femme

Et cet exemple n’est que l’un des nombreux exemples de cette infantilisation que je cite. Quel est l’intérêt d’implémenter des programmes de promotion du genre quand l’administration même infantilise les femmes? Quelle société allons nous léguer à la génération précédente si nous sommes incapable d’instaurer une politique genre dans notre administration. Je pense que toutes les politiques de développement réunies ne changeront rien si notre société continue de reléguer la femme togolaise au rang de « chose » derrière l’homme et si nos enfants apprennent à grandir avec pour principe de base l’homme avant tout.

Et c’est récemment qu’une disposition du code du travail, demandant à la femme d’avoir une autorisation de son mari avant de percevoir elle-même son salaire, a été supprimée.

Le pire, c’est que cette structure est dirigée par une femme…

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