Les femmes dans la littérature togolaise

Florence, une amie française m’a demandé: Marthe, je cherche une romancière togolaise à lire, une romancière célèbre. Donne-moi un nom. » J’ai souri, puis louvoyé. « Ecoute Flo, j’arrive. » Et je me suis éloignée le temps de réfléchir à la question.

Depuis les années 90, la littérature togolaise a pris son envol avec des écrivains comme Kossi Efoui, Kangni Alem, Sami Tchak, à la suite de l’incontournable Sénouvo Agbota Zinsou. Cette littérature s’est renforcée avec l’avènement de nouveaux écrivains comme Edem Awumey, Théo Ananissoh ou encore Rodrigue Norman.
Mais force est de constater qu’il lui manque des auteures. Quelques unes se sont essayé à l’écriture de fiction, mais on vite fait de jeter l’éponge. Il fut un temps où des noms comme Gad Ami (Étrange héritage), Ekoué Tchotcho (Le crime de la rue des notables), ont fait la fierté de la littérature togolaise à l’intérieur des frontières du pays. Plus récemment, la seule dont on cite le nom est Anaté Kouméalo ( Frontière du jour), même si dans l’ombre, certainement, existent d’autres velléités littéraires féminines. (Jeannette Ahonsou, Edwige Edorh…) Je veux bien l’espérer.
Même si ses écrivaines ne se sont pas exportées, on croyait à une ébauche de vocations féminines dans la littérature togolaise. Dans un pays ou de nombreuses femmes se mettent en scène dans la vie intellectuelle, on peine à croire qu’elles n’osent pas s’aventurer dans l’écriture. Pourtant, les séries littéraires sont remplis de filles, futures cadres du Togo. 

Anaté Kouméalo

A qui la faute?

On peut accuser une société  patriarcale qui fait croire que la femme n’est meilleure que dans un foyer ou  dans un bureau, à se contenter d’un travail qui lui permette juste de se suffire financièrement. De plus, ces vocations devraient être encouragées depuis l’école où très peu d’écrivains femmes sont mis aux programmes.
Dans les lycées, les exposés d’œuvres littéraires ont été remplacées par des études d’extraits de textes ne montrant pas aux élèves la beauté de l’écriture. Les élèves ignorent jusqu’à l’existence d’auteurs togolais. Et au campus universitaire, rare sont les étudiants qui ont lu deux auteurs togolais. Ceci parce que sur le campus, des rencontres et des conférences autour de nos écrivains sont quasi inexistantes.
Les maisons d’éditions disparaissent avec leurs créateurs et celle qui existent dorment sur leurs lauriers. On note l’inexistence d’une vie littéraire et des concours d’écritures capable de dénicher des talents à promouvoir. Une politique scolaire qui n’encourage pas les activités littéraires est-elle à même de faire naître des vocations? Parfois il m’arrive de me demander quel talent il a fallu aux Efoui, Sami et autres pour se mettre à leur niveau. Car écrire, pour une femme au Togo, est une véritable sinécure. Cela dit, je n’ai toujours pas répondu à Florence. Mais sa question m’a permis de m’en poser d’autres. Allez, après le boom masculin de la littérature togolaise, celui des auteures togolaises? Il est permis de rêver.


30 réflexions sur “Les femmes dans la littérature togolaise

  1. Mon avis sur la question est radicale: la littérature au Togo reste une affaire moins de cracks littéraires que d’utopistes littéraires. Donnez-moi 4 filles utopistes et aimant vraiment le risque de s’exhiver par les mots, j’en ferai les 4 meilleures romancières qui marqueront le 21e siècle togolais.

    J’aime

  2. Roselin dit :

    Je pense que la réflexion doit commencer en prenant pour point de départ « l’école togolaise ». Rien, je dis rien n’est fait pour développer le génie créateur des togolais. Alors là, il sera difficile pour nos soeurs d’écrire, de laisser jaillir ce génie créateur qui existe au fond d’elles.

    J’aime

  3. K.A dit :

    Marthe dit quelque chose de vrai dans l’article, Roselin: comment les autres (les hommes) ont fait, étant issus du même moule? La passion, d’abord, et es sacrifices consentis, la volonté tenace de devenir écrivain. Un pas, encore un pas, et tenir gagné chaque pas… Les écrivains se forment-ils toujours à l’école? Sembène Ousmane était autodidacte!

    J’aime

  4. Roselin dit :

    Grand frère Alem, Les hommes ont eu la chance d’émerger parce que le milieu social togolais a toujours mis en avant la masculinité: « les garçons d’abord, les filles après ». Maintenant cette conception de la société tant à disparaître mais j’ai l’impression que nos soeurs ont dû mal à se démarquer de ses considérations d’où le manque de volonté tenace, d’abnégation et de sacrifice pour écrire. Le débat de Marthe est très intéressant dans la mesure où elle met en exergue au delà de la culture, tout le malaise de la société togolaise par rapport au rôle des femmes.Il faut amener nos sœurs à prendre conscience de leurs potentialités. Initier des prix littéraires dans les collèges et lycées? Que peut-on faire pour faire émerger une littérature Togolaise en général et féminine en particulier? J’aimerais bien que Gerry TAAMA aussi nous donne son avis. Sa nouvelle maison d’édition peut jouer un rôle dans ce combat.

    J’aime

  5. Claude dit :

    es pays qui produisent de grandes dames de la littérature st aussi des pays où l’éducation des jeunes filles et rigoureuse, la génération actuelle des filles ne lit même pas, et vous espérez quoi? enfin elles lisent mais pas ce qui pousse à écrire, trop de livrs petit jesus

    J’aime

  6. Yves dit :

    s,i elle sont là, seulement qu’elles manques de courages.et aussi elles sont gagné par la peur, peur des éditeurs qui voudront édités sous leurs jupes chuan!!!!!!Ah les hommes

    J’aime

  7. Hum… débat qui avait bien débuté avant de s’enliser :-((

    J’aimerai juste signaler une auteure togolaise que j’ai pu lire: Lauren Ekoué.
    Son premier livre « Icône urbaine », une chiklitt à réserver aux africains qui ont une culture hip hop, moi j’ai bien aimé
    Son second « Carnet spunk », que j’ai moins aimé, parle de la ballade d’une afro-européenne dans New-york lors de l’élection de Barak Obama.

    Donc, frère togolais, vous avez des femmes utopistes et courageuses, il suffit de creuser un peu ;-))

    J’aime

  8. AMEVO Kodjo Dosseh dit :

    Ce n’est pas la faute à nos soeurs et nos mères. C’est la manque de la promotion des livres en milieu scolaire. Il y a aussi la société.

    J’aime

  9. Kodjovi AKOUSSAN dit :

    Vraissenblablement,depuis une époque immémoriale,aucune place n‘est reservée à la femme togolaise en matière d‘écrit certes mais il serait naif de croire la demeure et reste le meme à nos jours

    J’aime

    • Kodjovi AKOUSSAN dit :

      Vraissemblablement,depuis une époque immériale,aucune place n‘est reservée à la femme togolaise en matière d‘écrit certes mais il serait naif de croire que la situation la meme à nos jours

      J’aime

  10. Kodjovi AKOUSSAN dit :

    Vraissemblablement,depuis une époque immériale,aucune place n‘est reservée à la femme togolaise en matière d‘écrit certes mais il serait naif de croire que la situation la meme à nos jours

    J’aime

  11. AMOUSSOU Komi dit :

    de nos jours la situation a un peu changé car quelques unes de nos sœurs ont commencé par faire montre de leur esprit créateur et cela commence par se décanter. Du courage mes sœurs.

    J’aime

  12. KOKOU GLEY dit :

    Les femmes se préparent comme elle le font très souvent après leur bain .lorsqu’elles sortiront , ce sera du boom !!!. Courage femmes vertueuses…

    J’aime

Vos réactions et commentaires